R. Boissin. Temoignage d’un peintre roumain

DIPLOMATIC LIFE. La gazette diplomatique et consulaire
No. 27, Décembre 1999 – Janvier-Février 2000


Dans le cadre de l’accord culturel entre lea Communauté française Wallonie-Bruxelles et la Roumanie, une exposition des œuvres du peintre roumain Corneliu Baba a eu lieu au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Liège du 25 novembre 1999 jusqu’au mois du janvier 2000. C’est donc donc avec deux grands peintres, le belge James Ensor aux Musée Royaux de Beaux-Arts de Bruxelles, et le roumain Corneliu Baba au Musée d’Art Moderne et Contemporaine de Liège, que nous avons franchi le cap 1999/2000. Maître authentique de la nouvelle peinture roumaine, Corneliu Baba est mort en décembre 1997. Ses œuvres ont été appréciées aussi bien en Europe qu’aux Etas-Unis d’Amérique. L’homme est son principal sujet, se rapprochant en cela de l’idéal de la Renaissance.

Portret de bărbat
1971
Ulei pe pe carton pânzat, 61 × 52 cm

Portret

[1970]
Ulei pe pânză, 36,5 × 25 cm


Les hommes et les femmes, les peuples en marche vers l’espoir de la liberté, miroir dans lequel Corneliu Baba a reflété sa propre sensibilité, ses craintes et ses espoirs, ont toujours été ses plus grandes sources d’inspiration. Ainsi qu’il l’écrit lui-même dans ses «Notes d’un artiste de l’Est…» vers la fin de sa vie, sa peinture est «une peinture de la solitude, s’adressant surtout à unde humanité éternelle, et anonyme».

Spaima
1992
Ulei pe pânză, 71 × 74 cm

Concetățeni
1975
Cărbune, pastel, 30,5 × 35 cm


A cela s’ajoutait sa «passion pour le portait sans biogarphie, qui me laissait la liberté de faire appel à ma fantaisie, d’aboutir aux agglomérations chaotiques de mes séries d’Effrois et de Rois fous, figures anonymes d’une destinée humaine éternellement tourmentée. Ces thèmes sont devenus mes grandes obsessions de veilleusse». Il y retrouve les montres de Goya dont il se rapproche, sans s’y identifier.

Autoportret
1948
Ulei pe pânză, 100 × 72,5 cm


Certains critiques ont pu lui reprocher une technique, une art peut-être trop clasique, sans inventivité graphique ou picturale. Il repond, avec sagesse, à ces critiques: «Dans l’univers des arts plastiques, je crois que c’est une vertu, surtout à l’heurre actuelle, que d’attirer et d’émouvoir par une peinture soi-distant dépassée». Ce qui compte dans l’art de Corneliu Baba, ce n’est pas de «surprendre», mais de procurer des émotions afin de faire réfléchir.

Regele nebun
1980
Ulei pe carton pânzat, 59,2 × 42 cm


Toutes ses toiles qui portent le nom «Le roi fou», sont dédiées à la memoire des innocents, victimes, tout le long de l’histoire et encore aujourd’hui, de tant de rois, de tant de dictateurs atteints de maladies mentales. L’œuvre de Corneliu Baba est celle d’une humaniste intemporel, pour lequel l’humanité n’est qu’une lutte constante entre la folie de grandeur de certains at le effrois perpétuels des victimes. C’est un clair-obscure de sentiments qu’il retranscrit en clair-obscure picturaux. C’est une œuvre dramatique que l’ont ne peut ignorer et qui restera parmi les grands noms de la peinture, non pas moderne, mais universelle.

R. Boissin